
La pochette de son dernier album semble indiquer un besoin d’introspection… Après huit ans d’absence dans les bacs, le feu follet Flamengo se questionne : Mais Pourquoi ? L’auditeur taraudé par ce mystère ne trouvera pas nécessairement de réponse dans le sixième opus de l’artiste reggae roots ; en revanche il appréciera une rencontre fertile entre notre « pays arc-en-ciel » et le Tout-Monde.
Car Flamengo a fait jouer son impressionnant carnet d’adresses pour convier des voix et des instrumentistes de divers horizons. Il y a bien sûr les incantations vibrantes des hérauts jamaïcains d’Israel Vibration sur la rengaine écologique One Tree, One Day, One Destiny, enregistrées lors de leur dernier passage sur le Caillou en 2019. Mais c’est toute la playlist (six morceaux plus un remix de Système, un des premiers tubes du reggaeman de Pierre-Lenquette) qui est irriguée d’interventions pleines de sève. Djena, interprété en langues paici-cemuhi et drehu, convie les joyeux lurons de Kasspa au refrain, puis le timbre puissant et rauque de Jimmy Véa, pour un couplet en wallisien. Sur Hypocrisie, dont les interactions pêchues avec les choristes féminines rappellent l’influence du roi Bob, Édou donne un relief supplémentaire avec un refrain dans sa langue maternelle. Le reggae de Flamengo jette aussi des passerelles naturelles vers le kaneka sur Je dis OUI : bwanjep, trilles à l’harmonica, refrain en « ae-ae » et entame du morceau par Jean-Mathias Djaiwé de Cada… Sur tout l’album, les cuivres qui selon les séquences relèvent ou donnent plus d’onctuosité, ont été assurés depuis Paris par les musiciens d’Alpha Blondy : de quoi assurer les finitions d’un son « bien lourd » qui ravira les amateurs du genre !
Par Sylvain Derne, février 2021.