
Si Jenny Briffa a quelque peu hésité avant de se lancer dans l’écriture d’un second volet après Fin mal barrés, il lui est finalement apparu comme une nécessité de le faire. « Il y a trop peu de voix réfléchies et non partisanes qui s’élèvent à l’approche du référendum », souligne-t-elle. Au-delà du « vivre ensemble » si souvent rebattu, Fin mal géré ! sonne comme un appel à la réflexion détourné par le biais de l’humour, un espoir en forme de vœu pieu qui dit « votez en toute conscience ».
Forte du succès du premier spectacle qui avait largement prouvé que les Calédoniens étaient enclins à rire d’eux-mêmes et de leurs représentants politiques, Jenny Briffa livre ici un texte encore plus acide que précédemment. Une orientation qu’elle explique par une forme de « déception » suite au premier référendum où elle a vu grandir un repli communautaire.
Fin mal géré reprend donc les ingrédients du précédent seul-en-scène : un métis en mal de convictions politiques face à l‘échéance approchante. Après la bouillonnante Maïté Siwene, c'est l'épatant Stéphane Piochaud, qui endosse le rôle principal, celui d’Hussein Wobama, arrivé tout droit de Bourail. Un déplacement de focale « moins consensuel » selon le comédien, et qui offre un point de vue renouvelé sur les problématiques identitaires. L’autrice avoue avoir mis beaucoup de ses propres questionnements dans le personnage d’Hussein. « Il a une épaisseur et une profondeur plus aboutie que dans le premier, ce qui le rend touchant » assurent Jenny et Stéphane.
Avec pour seuls partenaires sur scène la lumière de Laurent Lange et l’habillage sonore créé par David Le Roy, le comédien déploie une galerie d’une vingtaine de personnages hauts en couleurs, humbles ou extravagants, à l’image de la diversité calédonienne.
Covid19 oblige, l’équipe de Fin mal géré a dû faire face à des conditions de création plutôt inédites. Le metteur en scène Frédéric Andrau, résidant en métropole, a dirigé les séances de travail à distance, et en horaires décalés, via la magie d’internet ! Jenny Briffa se réjouit de cette collaboration : « Par le regard de Fred et le jeu de Stéphane, le texte prend un autre sens, ou bien le renforce. C’est comme un diamant qui se met à briller avec la mise en scène et le jeu » souligne-t-elle, ravie. Avec son œil extérieur, le metteur en scène glisse dans la pièce une dimension neuve et plus universelle à des situations locales.
Un succès immédiat dès les premières représentations ! Vous ne l'avez pas encore vu ? Après une tournée en brousse, Fin mal géré ! sera au Festival Endemix le 6 septembre, au centre culturel Tjibaou. Billets en vente sur Tickets.nc