
On ne sait pas où on est, quand on y est, ni qui sont les personnages – garçon ou fille – ni leur âge, mais pourtant s’opère très rapidement une identification à l’un des deux protagonistes, Plume et Taciturne. Dans l’adaptation calédonienne D’une lune entre deux maisons, la première est une fille, incarnée par Célia Chabut, et le second compère est campé par Laurent Louvion. Plume est bavarde, excentrique, généreuse, étourdie, ouverte sur l’extérieur et accueillante – comme sa maison !
À l’image de son prénom, son alter ego est, lui, plus secret, caché dans sa « case-igloo » déstructurée, qui ne laisse pas beaucoup entrer la lumière. Pour s’exprimer, Taciturne joue de la musique, de tous les instruments, ce qui intrigue beaucoup sa voisine. Hier, ils ne se connaissaient pas. Aujourd’hui, jour du spectacle, les deux amis racontent au public comment et surtout pourquoi ils se sont rencontrés. Chacun s’ennuyait seul dans sa maison et quand le soleil se couchait, ils avaient peur des bruits de la nuit. C’est Plume qui la première voudra se rapprocher de Taciturne, pour s’en faire un ami avec qui elle pourra partager la musique mais aussi ses craintes d’enfant. À deux, c’est sûr, ils seront moins seuls.

Des thèmes abstraits mis en image
Une Lune entre deux maisons ouvre de grandes (et nécessaires) réflexions autour des thèmes de l’amitié, de la relation à l’autre, de la solitude, de l’ennui et des peurs, ces sujets abstraits difficiles à verbaliser pour des enfants. Après avoir vu la pièce, ils pourront dire « j’ai peur comme Plume » ou parler d’un camarade de classe silencieux « comme Taciturne ». Et au bout du compte, ils pourraient bien être heureux de raconter l’histoire de leur rencontre, comme les deux protagonistes du spectacle.
Scène multi-arts
Adapté aux enfants à partir de 3 ans, le rythme de la pièce est soutenu sans être fatigant. C’est surtout grâce à une savante conjonction d’expressions que le public reste captif. Il y a la narration simple, de la musique, des comptines, un très beau jeu d’ombres chinoises, des mécaniques (comme ce soleil et cette lune articulés sur un câble à poulie). Les décors, parties prenantes de la fable, sont particulièrement réussis.
On connaissait déjà le goût de Catherine Dinevan, la metteuse en scène, pour les univers et costumes chatoyants, les deux maisons n’en sont pas moins surprenantes d’ingéniosité, d’humour (comme la maison de musique de Taciturne) et de poésie. Bon point également aux créateurs des ambiances de lumière (Jonathan Dinevan) et surtout sonore, qui soulignent parfaitement à propos le jeu des comédiens. C’est donc un sans-faute pour Catherine et son équipe, et un spectacle utile et agréable pour tous.
Vers le Facebook de la Compagnie Les Kidams